JazzOnze+ : Deux pionniers du jazz se donnent rendez-vous en Suisse

Enrico Rava et Joe Lovano, ensemble sur scène: c’est une première et ça s’est passé dans la magnifique salle Paderewski au Casino de Montbenon, dans le cadre du festival JazzOnze+ à Lausanne.

 

On dit qu’ils sont poètes rigoureux. On dit qu’ils aiment la belle note. Quoi de mieux donc que de la produire en Suisse, royaume de merveilles alpines et de la précision des montres ? Curieuse de voir ces deux grands maîtres du jazz jouer ensemble, hier soir, jeudi 8 novembre, je me suis rendue au festival JazzOnze+ de Lausanne qui proposait cette année une autre co-performance d’intérêt : Omar Sosa et YilianCañizares.

La salle n’est étrangement pas remplie. Tant mieux : après une semaine épuisante, je me concède le privilège d’écouter le concert avec les jambes allongées sur le siège en face. Oups. Les deux musiciens arrivent peu après 21h, accompagnés par Giovanni Guidi au piano, Dezron Douglas à la contrebasse et Gerald Cleaver à la batterie. Les cinq se jettent littéralement dans leur musique, comme une pierre lancée dans un étang, et créent de courtes mélodies, inexplicables à mon oreille, entrecoupées par l’un ou l’autre membre du groupe, comme les vagues d’un ricochet se poussant entre elles.

Mon insatisfaction se tait quand le deuxième morceau commence avec quelques notes rapides de la contrebasse, comme pour débuter un funk soul classique. Ce qui suit est une série de 6 morceaux, où, en général, on cherche la précision dans la rapidité, à l’exception d’un solo de conte de fées du pianiste Guidi et un autre de Rava, où le son de sa trompette ressemble aux cris des baleines dans les océans. Je reste accrochée durant la quasi-totalité du concert (faute du manque de sommeil pendant toute la semaine, argh).

Lovano est un plaisir à regarder : il danse, il sautille, il swing son bassin, il encourage ses compagnons avec des « yeah ! » enthousiastes et tout son visage expressif se réjouit de ses propres solos avec le public. Rava, plus intime, joue le poète maudit aux cheveux longs et se promène souvent vers son pianiste pour mieux l’écouter (ou lui mettre  la pression ?). Voilà deux artistes, instrument à souffle, moustache à la bouche, l’un flirtant, l’autre rêvant. Mélange intéressant, mais plutôt que jouer en couple, l’un laisse souvent la place à un solo de l’autre et vice versa. Néanmoins, ils ont bien fait leur travail et il est vivement conseillé d’aller les voir.

Réécoutez aussi l’interview de La Fabrikavec Joe Lovano du 15 mars 2016 ici : https://lafabrik.ch/2016/03/18/35eme-amr-jazz-festival-joe-lovano-classical-4tet/

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