Autorisée par ses statuts à se prononcer contre des projets pouvant nuire à ses intérêts, La Fabrik sort exceptionnellement de son positionnement résolument apolitique et vous invite à voter NON à l’initiative No Billag, soumise à la population le 4 mars prochain.
Sans signer notre arrêt de mort, un oui à No Billag nous assurerait dès le 1er janvier 2019 de n’être plus qu’une webradio. Mais au-delà de notre cas particulier – notre seule subvention fédérale, liée au DAB+, n’étant de toutes manières pas amenée à durer au-delà de 2023 selon les plans actuels – ce n’est pas prioritairement pour nous-même que nous nous inquiétons.
Des dommages collatéraux pour les créateurs suisses
La Fabrik est avant tout une radio découverte, dont la mission centrale est de mettre en avant la création locale. Dans ce cadre, la bonne santé des artistes suisses, des festivals et des grands événements menacés par la perte d’exposition inévitable en cas d’acceptation de l’initiative, est pour nous une préoccupation majeure.
Très peu mis en avant par les radios privées, pour qui la création locale est rarement une priorité, la perte pour les musiciens suisses que représenterait la disparition des canaux de la SSR serait un retour en arrière dommageable, alors que ceux-ci arrivent enfin pour les meilleurs à se professionnaliser, puis, à force de travail en Suisse, à s’exporter. Les médias de proximité, dont nous faisons partie, n’ont malheureusement pas la force nécessaire pour assurer à eux seuls une mise en avant suffisante pour porter une scène toujours plus efficace, mais encore fragile. A ne pas négliger non plus sans diffusions SSR, la perte en droits d’auteurs, revenus souvent annexes mais jamais anecdotiques participant à la santé financière des artistes locaux.
Sans visibilité et, pour certains, sans droits télévisés, sont menacés également à des degrés divers de grands événements nationaux ou festivals. Mais bien davantage, c’est la diversité des médias qui est menacée.
Un plan B comme bye bye
Les initiants nous vendent aujourd’hui des plans B tous moins crédibles les uns que les autres, mais ne nous leurrons pas : Si la SSR et les autres médias subventionnés survivent sans soutien fédéral, toutes les coupes nécessaires à leur maintien réduiront drastiquement les programmes et leurs capacités à assurer une mission d’information neutre tournée vers la Suisse romande dans son ensemble.
Alors que la presse écrite est déjà en mauvaise santé, et tandis que les médias web peinent encore à décoller de manière viable, un oui à No-Billag ne pourra qu’empirer l’accès de chacun à une offre médiatique locale variée, assurant une diversité de points de vues et une parole équilibrée.
Une forte baisse de volume pour la voix des Romands
La Suisse romande, minorité à la fois tournée vers la France et toujours soucieuse de ses particularismes, a aujourd’hui, même si certains en doutent, une identité bien à elle. Le rôle des médias locaux, particulièrement des canaux de la SSR, dans cette identité, est loin d’être négligeable. Nous avons tous grandi avec les mêmes programmes et construit un référentiel culturel basé sur des personnalités et des programmes dont la présence sur nos écrans est plus que compromise par No-Billag. Qu’on le veuille ou non, ceci participe à cimenter une identité locale. Qui reprendra le flambeau lorsque, faute d’autres acteurs à même de les porter, nos informations seront reléguées dans des décrochages de 3 minutes sur M6 ou TF1 entre les pages de publicité locales qu’ils diffusent déjà aujourd’hui, lorsqu’ils seront les seuls à avoir les moyens de les produire et de s’engouffrer dans la brèche?
Il est évident pour nous qu’un débat de fond sur ce que doit ou non proposer un média public, sur le coût réel que l’on est prêt à y apporter, et sur une adaptation plus forte des médias existants aux nouveaux modes de consommation est essentiel. Mais la réponse a apporter à ces défis ne peut pas et ne doit pas être de tout casser sans savoir ce qui peut être reconstruit.
Jusqu’au 4 mars prochain, La Fabrik s’engagera donc sur son antenne et sur ses réseaux, résolument contre l’initiative No Billag. Première étape ce soir dès 17h, rdv sur notre antenne en direct de Berne pour la manifestation organisée par les syndicats suisses des médias.