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Pour le troisième soir du JazzOnze+, la Salle Paderewski du Casino de Montbenon accueille deux étoiles : en première partie Yumi Ito, à découvrir au plus vite, et en tête d’affiche l’immense Richard Bona, qui brille haut dans le ciel depuis des décennies (et on en veut encore !). Rencontres avec ces deux musiciens et revue de leurs concerts.
Qu’est-ce que les deux musiciens Yumi Ito et Richard Bona ont en commun ?
Yumi Ito est une jeune chanteuse d’origine japonaise et polonaise, basée depuis quelques années à Bâle. Elle a déjà sorti cinq albums sous son nom dont le plus récent, « Ysla », en avril dernier. Son univers très personnel mélange jazz, art-pop et néo-classique. Pour enrichir ses morceaux à la beauté astrale et lunaire, Ito s’inspire des cultures de ses origines, du minimalisme japonais à la musique classique polonaise, notamment les pianistes Chopin et Paderewski (la salle de concert au Casino est d’ailleurs nommée en son honneur). Sur scène, ses compositions prennent encore une autre dimension quand elles sont traversées d’improvisations jazz et qu’elles profitent d’une écoute et d’une interaction propre à cette musique. Ce soir, 2 novembre, Ito était accompagnée par Alessio Cazzetta à la guitare, Nadav Erlich à la contrebasse et Iago Fernandez à la batterie : un trio international qu’elle a rencontré à Bâle où ils étudient et pratiquent leurs instruments. La majorité des morceaux joués ce soir sont tirés du dernier album dont le nom est affiché sur un fond de vagues qui s’écrasent contre des rochers, projeté sur un grand écran derrière le groupe. Ils sont jeunes, compétents, et sérieux et ils délivrent une performance propre et raffinée. Au moment de signer son album en dehors de la salle, plusieurs personnes s’arrêtent pour remercier Ito de la belle surprise – la plupart du public était en effet venue pour voir Richard Bona – et se réjouissent de suivre son futur parcours.
Richard Bona n’a pas besoin d’être présenté davantage. Le légendaire artiste camerounais, maintenant résident à Miami, rend chacun de ses concerts un événement unique. Sa basse n’est qu’une extension de son corps qu’il fait danser avec ferveur et sa voix de velours, d’une délicatesse absolue, fait vibrer les cordes de l’émotion. Ce soir, Bona était entouré par ses amis de longue date, Sylvain Luc – l’un des plus grands noms de la guitare jazz française – et Nicolas Viccaro, batteur monégasque surdoué. Chacun de ces musiciens a collaboré avec des grands artistes de la pop, du jazz et de la musique africaine, influences que nous avons retrouvé ce soir, 2 novembre, lors d’un concert exceptionnel. L’amitié qui les unit est évident dans leur calme : ils jouent avec un énorme plaisir, en donnant l’impression de le faire plutôt pour s’amuser eux-mêmes que pour divertir le public.
Mais qu’est-ce que Bona et Ito ont en commun ? Des racines internationales, sûrement : elle, basée en Suisse, d’origine japonaise et polonaise, lui, camerounais, basé aux États-Unis. Mais leur point en commun le plus frappant est leur détermination. Bona, dès son plus jeune âge, quand il jouait son balafon ou construisait sa propre guitare, voulait être musicien et voyager dans le monde entier. Son charisme, sa joie très génuine, ses qualités de musicien le rendent certainement irrésistible (on lui fait un petit clin d’œil, hein), mais sa motivation, persévérance, et clarté d’intention sont sûrement la clé de son succès.
Avec un rêve de gloire musicale similaire, Ito semble savoir très bien ce qu’elle veut. L’entrée sur scène ce soir est emblématique : elle monte sur scène, bien après son groupe qui a déjà commencé à jouer, dans un peignoir blanc en soie, avec un pas céleste, tous les yeux rivés sur elle. La fin du concert aussi montre une grande attention pour le détail : pendant que Fernandez et Cazzetta sont habillés en noir, Ito et Erlich sont en blanc, et, au moment de s’incliner aux applaudissements, les quatre s’alignent en alternant les deux couleurs sur demande de Ito. Soit au piano, soit au chant, elle est la voix principale qui nous séduit tout au long du concert.
On a eu la chance de la rencontrer juste avant son concert : écoutez notre interview avec Yumi Ito, où elle nous parle, entre autres, de son dernier album, de ses projets futurs, et de comment être éco-responsable tout en étant musicienne avec des tournées internationales.
Si vous voulez écouter l’interview avec Richard Bona, c’est par ici!
