MJF 2016: Angélique Kidjo, l’Afrique au féminin

Microtrottoir réalisé auprès du public après le concert d’Angélique Kidjo


 

« Montrer la diversité, la force et la beauté des femmes du monde et en particulier celle de l’Afrique. »

Tel était le but de la performance d’Angélique Kidjo, lauréate d’un troisième Grammy Award en février pour l’album « Sings », pour le 50° anniversaire du Montreux Jazz Festival. Pour y parvenir au mieux elle s’est entourée pour de diverses artistes féminines toutes aussi talentueuses les unes que les autres car « la vastitude de la musique africaine est telle que les Africains eux-mêmes n’en voient pas la fin » :

  • la danseuse, chanteuse et percussionniste ivoirienne Dobet Gnahoré, lauréate d’un Grammy Award en 2010.
  • la chanteuse nigériane Asa, gagnante du Prix Constantin pour son premier album paru en 2007. Elle a déjà collaboré avec Angélique Kidjo auparavant, ayant fait sa première partie lors d’une précédente tournée et ayant également participé au projet « Eve » qui avait valu à la diva béninoise un second Grammy Award pour la catégorie World Music.
  • le Trio Teriba, originaire du Bénin, auteur d’une superbe polyphonie accompagnée de percussions et danses grâce auxquelles tout le rythme et la chaleur de l’Afrique s’est invité sur scène. Et croyez-moi cette légère moiteur estivale qui couvrent nos rives suisses n’est rien en comparaison.
  • l’artiste portugaise Lura, ambassadeur de la musique du Cap-Vert à travers le monde depuis 20 ans.

Kidjo a une puissance vocale d’une verve rare qui, si vous prenez le temps de fermer les yeux, vous guide jusqu’en Afrique, précisément au Bénin, sa région d’origine. Mais entourée de ses friends, c’est une Afrique qui n’est pas géographiquement localisable qui a été représentée par les notes.

Angélique Kidjo est considérée comme la diva africaine par excellence. Cette artiste, je l’admets, je ne la connaissais pas et c’est une belle découverte à faire. Elle a 56 ans, mais elle ne les fait pas. Quand elle est sur scène et elle chante son amour pour sa terre natale, elle n’a rien à envier aux minettes de 20 ans qui n’ont pas la moitié de son dynamisme. La preuve, elle a même fait pogoter les spectateurs au premier rang toutes cultures confondues : oui pogoter… Pourtant ici pas de guitare électrique ou de batteur rock endiablé, non, juste une bonne humeur communicative, un djembé et des musiciens jazz qui viennent suivre les danses et les chants africaines, français et anglais d’Angélique and co. C’est l’Afrique qui est à l’honneur, certes, mais aussi l’envie de célébration la diversité de nos cultures. Certains ont été invité à le faire sur scène pour une battle improvisée de danse à la fin de la performance pendant qu’elle chantonnait « Mama Africa » en se baladant parmi la foule de festivaliers de l’auditorium Stravinsky, se foutant bien du stéréotype selon lequel les Suisses seraient coincés. Ils ne l’étaient pas, croyez-moi, avec elle pas de place pour la timidité, même les plus embourgeoisés d’entre eux ont retrouvé, l’espace de deux heures, leur âme d’enfant et se laissaient bercer par l’ambiance de bonne humeur que celle qui est considérée comme la diva africaine a su créer. Une seule devise pour elle : « Utiliser la musique comme arme de paix massive ». Elle a su la répandre, dans la limite du possible, du faisable, sur la côte alémanique.

Frustration, l’espace d’un instant quand il a été impossible de décrocher une interview avec elle à l’issue de son concert. Vu sa présence scénique et tout l’enthousiasme qu’elle met dans ses divers projets – elle est ambassadrice UNICEF et a créé la Fondation Batonga pour la scolarisation des jeunes femmes africaines – lui parler aurait été intéressant. Néanmoins vu le lien privilégié et intimiste qu’elle sait instaurer avec son public, en interagissant avec entre un morceau et un autre, je réalise que sa performance se suffisait à elle-même.

Si ce 10 juillet quelque part en France deux pays se défiaient sportivement pour une victoire, l’on peut dire qu’au Montreux Jazz, c’est l’Afrique est ses sonorités qui ont gagné un aller simple ad vitam eternam dans le cœur des festivaliers d’ici et d’ailleurs. Une victoire que Claude Nobs, grand ami d’Angélique qu’elle n’a pas manqué de citer avec affection, aurait apprécié.

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