Samedi soir, avant-dernière soirée du festival JazzOnze+, la contrebassiste, chanteuse et compositrice Louise Knobil a fait vibrer la Salle Paderewski avec un concert plein d’authenticité, en première partie de Emmet Cohen. Originaire de Lausanne, Louise jouait « à la maison », dans l’une des plus belles salles de notre ville: un moment fort, symbolique et profondément mérité. Rencontre.
Au Jazz Onze+ de 2023, Louise Knobil avait eu carte blanche à la Datcha. Samedi soir, deux ans plus tard, Knobil foulait cette fois la grande scène du festival avec une aisance désarmante et un naturel bouleversant. Entourée d’un sextet solide – Louis Matute à la guitare, Michael Vuataz au saxophone alto, et Vincent Andreae à la batterie, entre autres – Louise a livré un concert d’une grande maturité.
Ses compositions, à la croisée du jazz, de la chanson française et de la pop poétique, dégagent une sincérité rare. On y retrouve ses thèmes de prédilection : les ruptures, les recommencements, la lumière après la mélancolie. Dans Lampadaire, cri du cœur et moment phare de la soirée, elle s’échappe dans un refrain libérateur – « toutes les ruptures font mal » – avec une intensité qui la fait presque sursauter, comme si elle se surprenait elle-même.
Avec ses cheveux teints en vert, sa voix douce et son humour tendre, Louise Knobil incarne une nouvelle génération d’artistes suisses à la fois engagées et bienveillantes. Le public, conquis, oscillait la tête au rythme de morceaux comme Pesto, Comète ou Adieu 6.7, ce dernier se terminant dans un acapella suspendu, un simple « pour toi » répété comme une caresse.
Entre modestie et audace, Louise Knobil a prouvé qu’elle n’est plus seulement une promesse du jazz lausannois, mais une voix singulière et inspirante de la scène romande. Une artiste qu’on écoute autant pour sa musique que pour la lumière qu’elle dégage.