JazzOnze+ 2025 | The Great Guitars : un dialogue entre maîtres.

Trois guitares, trois continents, une seule langue universelle : celle du jazz. Jeudi 30 octobre, au Festival JazzOnze+ de Lausanne, Biréli Lagrène, Martin Taylor et Ulf Wakenius ont revisité l’héritage du mythique trio The Great Guitars avec une virtuosité sans âge.

Ce jeudi 30 octobre, lors du festival JazzOnze+ à Lausanne, la scène du Casino de Montbenon a accueilli trois légendes vivantes de la guitare pour un hommage au mythique trio The Great Guitars, celui d’Herb Ellis, Barney Kessel et Charlie Byrd. L’Anglais Martin Taylor, élégant en costume gris clair et héritier direct de ce trio originel, partage la scène avec deux autres virtuoses aux styles bien distincts : le Français Biréli Lagrène, maître du jazz manouche, et le Suédois Ulf Wakenius, ancien complice d’Oscar Peterson. Trois générations, trois écoles, trois voix unies dans un langage commun : celui de la guitare.

Le concert s’ouvre sobrement sur Blues for a Playboy. À gauche, Wakenius ; au centre, Taylor ; à droite, Lagrène, légèrement affaibli ce soir, grippé mais souriant. Les échanges se font d’abord prudents, avant de trouver leur respiration commune. Taylor, d’un toucher précis et lumineux, donne la cadence. Sa main gauche glisse dans la poche lorsqu’il n’improvise pas, signe d’une élégance naturelle, d’un calme britannique. Lagrène, lui, laisse deviner sa virtuosité héritée de Django Reinhardt et de ses années auprès de Stéphane Grappelli. Wakenius, plus showman, oscille entre maîtrise et exubérance, parfois au bord du trop-plein.

Les moments forts se succèdent, parfois en solo, parfois en duo. Taylor offre une parenthèse romantique avec Two for the Road d’Henry Mancini, une ballade qui évoque un coucher de soleil toscan. Wakenius rend hommage à la France avec Momentum Magico, inspirée de sa collaboration avec Youn Sun Nah; il fait chanter le public sur La Mer, avant de s’emporter un peu dans un numéro trop démonstratif avec une bouteille en plastique. Lagrène retrouve ensuite ses compagnons sur Donna Lee de Charlie Parker, puis Isn’t She Lovely de Stevie Wonder, où sa fougue prend le dessus sur la précision. Malgré quelques passages déséquilibrés, l’ensemble reste traversé d’humour, de bienveillance et d’une complicité sincère entre vieux camarades de route.

En rappel, Martin Taylor clôt la soirée seul, dans une ballade d’une grande douceur. Un moment suspendu, presque fragile, où l’on mesure la distance entre la virtuosité démonstrative et la simplicité désarmante d’un musicien qui raconte une histoire sans jamais en faire trop. Car au fond, The Great Guitars n’était pas tant une démonstration qu’une conversation entre maîtres, un dialogue où la technique s’efface pour laisser place à la mémoire, à la gratitude, et à la joie tranquille de jouer encore ensemble.

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