Construct #28: Interview – Swindle

Blaise Deville présente CONSTRUCT, votre émission bihebdomadaire consacrée aux musiques actuelles navigant entre P-Funk, Jet Grime, Hyper Jazz, Cat Rap et autres dérives urbaines en tout genre.

Interview réalisée lors de la soirée “Top Ranking” du 19 septembre 2015 au Zoo de l’Usine.

Au premier abord, Swindle n’apparaît pas comme le margoulin que son surnom se plairait à indiquer, excepté peut-être pour une gouaille enthousiaste. Multi-instrumentiste talentueux et créateur dans l’âme, il a hérité du sobriquet de la part de son grand frère lors d’une adolescence vouée à élaborer maintes astuces en vue d’amasser un capital voué à être réinvesti dans une pratique musicale effrénée. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et l’investissement a payé. Aujourd’hui, Cameron Palmer peut sûrement se vanter d’avoir une belle collection de cartes de fidélité de compagnies aériennes en tant que voyageur fréquent à bord des longs courriers qui sillonnent la planète au gré des vents.

Si la musique a décidé de traiter aussi favorablement le jeune Swindle, c’est qu’il est né bien coiffé, surtout au niveau des oreilles. La prédisposition à la musique est à mettre au compte d’une figure paternelle qui, dès le plus jeune âge du rejeton, l’expose constamment aux vertus bienfaitrices d’une bande son à toute épreuve. Mais le pater familias ne se cantonne pas au seul rôle de mélomane avertit. Il est lui-même guitariste d’élite et met sa progéniture à la pâte en lui fournissant claviers et autres instruments en guise de seule distraction. Les excursions du dimanche se font dans les centres sociaux à pratiquer les steel drums et à assister aux performances du groupe de son père lors des fêtes de fin d’année.

Jusqu’à l’adolescence, Swindle et son grand frère s’exercent dans le home studio familial à reproduire à la perfection aussi bien les classiques de Bob Marley que les derniers morceaux Drum & Bass. Il devient vite la référence en matière de beat making auprès de ses camarades MCs sur les bancs de l’école et, quand il se fait éjecter des bancs de celle-ci, il s’est déjà confectionné un solide parachute vocationnel en tant que producteur émérite. Les instrumentaux réalisés à un rythme industrieux font le tour des différents quartiers et il est vite repéré par les représentants la scène Grime londonienne, enfant terrible qui éclabousse de l’autre côté de la mare du Hip Hop américain, et qui le mèneront à une première mixtape nommée à juste titre “The 140 Mixtape”.

Lancé dans son élan, Swindle sort un premier album, “Curriculum Vitae”, sur son propre label, Swindle Productions. Cette démarche que l’on pourrait qualifier d’artisanale résume bien le statut d’indépendant furieusement revendiqué par le personnage. Swindle ne veut pas entendre parler des maisons de disques intriguées par les prouesses du fils prodigue. En effet, il refuse catégoriquement de se plier au jeu de ces dernières qui lui demandent d’assembler des beats en kit “Ikea” bon marché. A ces yeux, une telle chose constitue un acte de trahison par rapport à sa vision de la musique. Il considère en effet celle-ci comme sa religion et le reflet ultime de l’âme humaine. Si un homme a l’opportunité de faire de la musique sa vie, il se doit de rester honnête dans la pratique qu’il en fait. Produire une musique dans laquelle il ne se reconnaîtrait plus ne serait qu’un mensonge éhonté conduisant à sa perte.

L’éthique dogmatique que Swindle place au centre de son art lui fait soigneusement choisir des collaborateurs qui eux-même ont su rester fidèles à leur intégrité musicale, à l’exemple de Mala qu’il avait accompagné en tant que claviériste lors de la tournée« Mala In Cuba », ou encore Gilles Peterson qui l’a vu monter sur la scène de son Worldwide Festival en 2014. Dans un esprit similaire, il sort plusieurs singles et EPs sur des labels tels que Planet Mu, Rwina ou Deep Medi qui aiment à cultiver une certaine authenticité au niveau de leur direction artistique. Parmi ceux-ci, un nom sort du lot,« Butterz », label londonien qui héberge son dernier opus, « Peace, Love & Music ». A cette occasion, Swindle met de nouveau un point d’honneur à se démarquer en donnant à l’album un numéro de catalogue différent de celui utilisé par le label et qui renvoie au morceau « Airmiles » sorti en 2010. A l’époque, ce dernier avait fait littéralement décoller la carrière du DJ/producteur en le faisant connaître à un public qui dépassa rapidement les frontières du Royaume-Uni.

“Peace, Love & Music” est venu au monde de manière très organique, comme souvent chez tout ce qu’entreprend Swindle, résultat des multiples expériences vécues ces deux dernières années à voyager autour du monde ainsi que des innombrables rencontres musicales qui en ont découlé. L’album continue de donner la part belle aux instruments plus traditionnels en incluant cuivres, guitares et claviers, qui avaient déjà commencé à faire leur apparition sur des morceaux comme “Do The Jazz” en 2012. Cette démarche montre toute l’étendue de l’univers de Swindle qui a réussi à ne pas se cantonner à la musique électronique et à laisser la porte ouverte à d’autres styles musicaux venus de Chine jusqu’en Afrique du Sud en passant par les Philippines et le Japon ainsi que d’autres modes d’expression comme les arts visuels. Il endosse désormais la casquette de réalisateur pour ses propres clips à l’exemple de “Global Dance” ou “London To L.A.”. Swindle insiste que toutes ces entreprises servent une seule et même cause, celle de transmettre le message universel de la musique et sa capacité à transcender l’humain à travers les différentes cultures d’un bout à l’autre du globe.

Construct Playlist :

 

  • Elevator ft. TC – Swindle
  • Summer Fruits – Swindle
  • Mischief – Swindle
  • Funktion – Swindle
  • Mood Swings – Swindle
  • Airmiles – Swindle
  • Do The Jazz – Swindle
  • Global Dance ft. Flowdan & Mungo’s Hi Fi – Swindle
  • Keep Me Warm – Swindle
  • Under The Sun – Swindle
  • Pledge Allegiance – Swindle
  • Sing Like You’re Winning ft. Jay Wilcox & Terri Walker
  • London To L.A. ft Ash Riser
  • 砂の城 Suna No Shiro – Sayoko-daisy & HAMACIDE
  • Removals – Angel-Ho
  • Shots – Detboi
  • Pace Myself – Wen
  • Allyallrecords (feat. Addison Groove) – DVA
  • Power Confession – Margaret Antwood
  • Bouncer Trak – C++
  • Airlock – Rizzla
  • Racer Z – La Vie C’est Facile
  • Shotta (Kahn & Neek Remix) – Royal-T
  • Step 2001 – Wiley & Zomby
  • Bloody Eye – Rabit
  • Echelon – Fang Lilies
  • Bitchcraft – Commodo, Gantz, Kahn
  • Airmiles (Terror Danjah Carbon Footprint Remix) – Swindle
  • Casino – La Vie C’est Facile
  • Dirty Birds – Mark One
  • Bittersweet 16 – ?
  • Love – Koreless
  • Meowpurddy feat. Lil Bub & Snoop Dogg, Maceo & Delonta (El-P Remix) – Run The Jewels
  • The Mystery Of Lonnie The Døn
  • Tetrahedron – Caliph8
  • You Never Show Your Love – Jessy Lanza, DJ Spinn & Taso
  • Freezaburn – RP Boo
  • Dubby (feat. DJ Rashad & Danny Brown) – DJ Spinn
  • Klapp Klapp – Little Dragon (Swindle Remix) (Shake It Maschine Rework)
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