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Qui suis-je pour dire qui est Louis Moholo-Moholo ? Rencontre avec un batteur hors-pair, né à Cape Town en plein apartheid et exilé en Europe dès 1964. Une rencontre à faire une fois dans sa vie.

L’histoire de Louis Moholo est une histoire d’exil. Né à Cape Town en 1940, il y apprend à jouer la batterie de manière autodidacte. Mais pendant l’apartheid, les noirs – les vrais africains du sud – ne peuvent pas jouer de la musique, ni danser, ni chanter. Louis Moholo et ses copains d’aventure, Mongezi Feza, Dudu Pukwana, Chris McGregor, Johnny Dyani (les légendaires Blue Notes), sont donc exilés et partent en Europe en 1964. Avant de s’installer à Londres, les Blue Notes jouent aux Pays-Bas, en France et en Suisse. Leur passage en Suisse, où il rencontre la pianiste Irène Schweizer, laisse une trace indélébile dans le cœur de Louis. À Londres il deviendra le symbole de la combinaison du jazz britannique et sud-africain, en jouant avec Kenny Wheeler et Evan Parker. Des longues tournées et des albums de succès suivent.

En 2005, enfin, le rêve se réalise : Louis peut retourner en Afrique du Sud, vainqueur et libre. Mais il est seul. Mogezi, Dudu, Chris, Johnny sont morts, et son pays d’origine a beaucoup changé. C’est vrai : maintenant dans les rues de Johannesburg on peut enfin chanter la liberté et la paix en Zulu et Xhosa, les langues non-Afrikaans le plus parlées dans le pays. Néanmoins le passé de violence sous le joug des Boers vit encore très fort dans les mémoires. C’est pour se libérer de ce fardeau de tristesse incommensurable que Louis remplit sa vieillesse en jouant sur sa batterie. Au présent, il collabore souvent avec le Dedication Orchestra  et se lance constamment dans des nouveaux projets. Comme les « 5 Blokes » avec les jeunes musiciens : Neil Charles (contrebasse), Alexander Hawkins (piano), Shabaka Hutchings (saxophone ténor) et Jason Yarde (saxophone alto), qui jouèrent à Genève, à l’AMR Jazz Festival le 18 mars 2016.