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Cuba et sa musique ont une place d’honneur dans le cœur du Cully Jazz. Cette année en a été la preuve encore une fois.
La deuxième soirée au Chapiteau du festival s’annonce intense. En première partie, le pianiste Omar Sosa et la chanteuse-violoniste Yilian Cañizares présentent leur nouvel album « Aguas » (2018, Galileo Music Connection), accompagnés aux percussions par le vénézuélien Gustavo Ovalles. Dédié à l’eau et en particulier à Oshun – la déesse de l’amour et maîtresse des rivières dans la tradition Lucumí ou Santería – « Aguas » est ancré dans les pratiques spirituelles de ses auteurs.
Le trio avait déjà joué au festival lausannois JazzOnze+ en novembre dernier et le retour a été tellement positif qu’on ne s’étonne pas que la salle du Chapiteau soit comblée. Si l’on a écouté « Aguas » à la maison, l’écouter en live est une autre paire de manches. Entre les jeux de lumières, les danses déchaînées de Yilian, les regards, les parties improvisées, on reste éblouis par une musique d’une rare beauté qui reflète les perspectives de deux générations d’artistes cubains vivant en dehors de leur pays. La chimie et l’amitié entre Yilian et Omar sont exceptionnelles : la violoniste reconnaît publiquement dans son maître son phare musical, spirituel et personnel et son admiration est visible à des kilomètres de distance. Les mélodies envoûtantes chantées en espagnol s’alternent avec des rythmes exubérants marqués par des mots en Yoruba. C’est une plongée dans un lac de couleurs pour en sortir purifiés de la nostalgie de nos terres d’origine. Et tout comme un rituel de purification de la Santerìa cubaine, la fin du spectacle nous laisse épuisés, le corps vibrant, les yeux qui brillent, la bouche grande ouverte. Mais en même temps, on se sent tout-puissants et prêts à accepter tout défi qui nous fasse peur.
En deuxième partie de soirée, c’est le tour du collectif cubain El Comité, avec le trompettiste Ibrahim Maalouf et Yilian Cañizares au violon de nouveau. Toute l’équipe était à Annecy le soir précédent pour le premier concert de la tournée pour le nouvel album de El Comité « Y qué !? (So what !?) » (2019, InOuïe distribution) et la collaboration entre tous était donc bien rodée. C’était une chouette expérience qui nous a fait bien marrer après l’intensité du concert d’Omar et Yilian et la salle du Chapiteau s’est chargée d’énergie afrobeat et funk et de latin groove. Le micro de La Fabrik est d’ailleurs allé rencontrer un de deux pianistes de El Comité, Harold López-Nussa, dans leur hôtel, vue sur le beau Lac Léman. On parle de l’origine du groupe, de leur futur, de la collaboration avec le franco-libanais Maalouf… et bien d’autre encore !
Viva Cuba !
