JazzOnze+ 2019 : Début assourdissant du festival lausannois

Guiliana-Altin-Guinea JazzOnze+

L’édition 2019 du festival JazzOnze+ plonge direct dans le futur de la scène musical actuelle, à travers la batterie éclectique de Mark Guiliana, le rock anatolien du groupe turque Altin Gün et la nouvelle Naples conçue par les Nu Guinea.

Le festival JazzOnze+ a débuté le 30 octobre 2019 dans le quartier dynamique du Flon avec la batterie flamboyante du new-yorkais Mark Guiliana, accompagné par sa formation amplifié Beat Music. Le BCV Concert Hall ne pouvait pas être mieux choisi pour accueillir ce quartet – l’explosivité d’un style qui mélange plusieurs genres tout en gardant une religieuse rigueur dictée par le rythme solide de Guiliana se reflet dans l’apparente simplicité novatrice de cette structure cubique en béton. Avec l’air d’être à peine sortis d’une parodie d’Orange Mécanique dirigée par Wes Anderson, les quatre habillés de survêt jaune moutarde tous pareils ont livré une performance à éclater les oreilles (boules Quies vivement conseillées !). Le groupe saute du jazz acoustique à l’électro en passant par du neo-soul, rock, reggae avec une superbe technique : pendant le concert, il faut littéralement être à l’écoute et on transpire comme si on était sur scène nous-mêmes. Nommé étoile montante par la revue Downbeat, Guiliana a travaillé avec des artistes comme David Bowie, Avishai Cohen, Brad Mehldau et Meshell Ndegeocello et est devenu une référence pour les batteurs de sa génération. Sa concentration est maxime et la sophistication rythmique de certains morceaux est évidente même à des oreilles inexpertes. La batterie de Guiliana ne joue plus le rôle typique de « métronome » mais devient voix protagoniste de la soirée. Coups de cœur ? « Girl » et « Bloom » : le premier ouvre avec un solo de grosse caisse jusqu’à atteindre un climax extatique qui vibre dans le sang ; le deuxième nous offre un aperçu intimiste de la vie de famille du batteur à travers des extraits sonores des voix de sa femme, la chanteuse Gretchen Parlato, et son fils, Marley.

Le festival continue aux Docks où le groupe Altin Gün renouvelle les standards de l’âge d’or du rock anatolien des années 70. En effet, les six musiciens nous plongent dans une ambiance à la Woodstock afterparty avec leurs cheveux longs, jeans évasés, mélodies psychédéliques et la tambourine à forme d’étoile de la chanteuse. Altin Gün a été monté par le bassiste hollandais Jasper Verhulst, resté fasciné par la scène musicale alternative turque des années 70 et qui voulait faire revivre ce son particulier mélangeant musique traditionnelle et rock occidental. Tantôt avec des reprises, tantôt avec des créations personnelles, Altin Gün nous amène dans leur propre Magical Mystery Tour et c’est soirée dansante assurée.

Après un repos mérité, La Fabrik est retournée au festival le lendemain, pour découvrir Nu Guinea. « Derrière un nom de groupe aux origines exotiques, se cache un des fers de lance de la nouvelle génération funk et disco italienne. » C’est ainsi que le JazzOnze+ présente le groupe napolitain qui a performé le 31 octobre à l’Espace Jazz, sous le Casino de Montbenon. Nu Guinea est le produit de la nostalgie des musiciens Massimo Di Lena et Lucio Aquilina pour leur ville d’origine, Naples. Les deux italiens expatriés à Berlin ont enregistré leur album « Nuova Napoli » (trad. : « Nouvelle Naples ») en 2018 entre Allemagne et Italie. En puisant à la source de leurs traditions, ils combinent du Pino Daniele au folk des Antilles, du disco vintage italien au boogie nigérien. Ce groupe à ne pas manquer nous conduit dans l’univers cacophonique et multiculturel de Naples : avec la voix de Fabiana Martone et son corps voluptueux couronné d’une casquette flapper en perles, il paraît vraiment d’être à un des marchés ouverts de cette ville portuaire méridionale. Il n’y a pas besoin de comprendre le dialecte napolitain pour apprécier leur performance… n’est-il pas vrai que les italiens parlent avec leurs mains ? Applaudissements garantis.

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