Cully Jazz 2016 : 40 bougies pour le jazz afro-cubain

Un, neuf, deux, neuf, neuf, quarante. Bingo ? Non, Chucho.

Un, comme un seul, inimitable, unique, Chucho Valdés, parrain du jazz afro-cubain.
Neuf, comme samedi 9 avril, et deux, comme soirée numéro 2 du Cully Jazz.
Neuf, comme les neuf lettres qui forment le mot « Chapiteau », la scène où Chucho a joué.
Neuf, comme les neuf musiciens qui étaient avec lui, ce soir-là.
Et quarante, comme Irakere 40, un vieux projet de musique cubaine revisité quarante ans plus tard.

Depuis 2010 on attendait le retour à Cully du légendaire géant de la musique afro-cubaine, Chucho Valdés. Et en 2016, Chucho revient, mais à une condition : revisiter la musique du groupe « Irakere » avec une formation nouvelle. Irakere est un groupe cubains d’il y a quarante ans qui a marqué l’histoire du latin jazz et Chucho reprend ce concept avec neuf talentueux musiciens des différentes générations. « Irakere » en yoruba signifie « forêt dense », dense de savoir, d’érudition classique et de forces polyrythmiques.

L’entrée de Chucho est glorieuse : les applaudissements timides pour les membres de Irakere 40 deviennent très forts et sont accompagnés par des cris de « groupie » avec l’entrée de Chucho. D’une rumba à un tango, d’un chacha à une salsa, le public n’arrive pas à rester calme. La voix de Dreiser Durruthy rentre dans les veines. Les petites tresses de Yaroldy Abreu Robles paraissent avoir vaincu la force de gravité quand il s’éclate sur ses percussions. Le sax alto et la trompette des très jeunes Rafael Aguila et Carlos Sarduy Dimet font rêver les filles d’une nuitée sans fin embrassées par un mulâtre robuste dans les ruelles de la vieille Habana. Le bassiste Gaston Joya, le seul blanc, cheveux noirs bouclés, avec un hamburger de trop dans le bide, costard gris et cravate, me prend de surprise – oui, je ne m’y attendais pas, aie aie – avec une technique exceptionnelle. Il rentre alors dans cette catégorie de bassistes qui pourraient tranquillement faire un concert en solo et étonner le public pour deux heures. On les retrouve ensuite jammer au Caveau des Vignerons, et encore une fois, c’est Joya qui règne sur scène.

Un concert où les spectateurs sont censés être assis se termine avec tout le monde débout, dansant et n’arrivant pas à s’imaginer la fin. Mais est-ce que Chucho était bien là ? Oui, mais un peu de coté : on a écouté des très beaux solos comme on les connait bien, ses doigts précis ont volé, comme des papillons, sur le clavier, sa musique était 100% pure. Néanmoins, ce que j’ai vu était plutôt son envie d’être spectateur de cette musique du passé, jouée avec lui, pour lui, et une très humble volonté de mettre en lumière ses amis et. Et dans cela, le grand Chucho y est arrivé.

Plus d’info sur Chucho Valdés et son projet Irakere: http://valdeschucho.com/
Retrouvez le concert de Chucho Valdés et Irakere 40 en rediffusion dans JazzZ (espace2) vendredi 29 avril, de 22h40 à minuit.

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