VSR 2016, soirée métal du jeudi ou le parcours du combattant. Critique pas musicale

par Tiffany-Jane Madden

Nous sommes le jeudi 13 octobre, il est 19 heures et il semblerait que je sois la première postée devant la billetterie fermée du Vernier sur Rock. Si je ne m’étonne guère que le public ne soit point encore arrivé, je m’étonne tout de même d’avoir en face de moi deux guichets fermés. Être à l’heure ne me donnait certes pas le droit d’exiger de la billetterie qu’elle le soit aussi. On n’est pas à 5 minutes non plus. Et puis bon, je suis plutôt cool comme nana.

15 minutes plus tard, quelques personnes s’ajoutent à la file d’attente dont je suis la tête mais les guichets, eux, sont toujours fermés. Pas grave. C’est bonne ambiance, je papote avec des gars d’Yverdon, tout va bien. Mais quand même ; je commence un tout petit peu à trouver le temps long. Jusqu’à ce que finalement les stores jusque-là baissés ne se lèvent, laissant apparaître les bobines de deux jeunes filles si sympathiques mais si mal préparées : “On attend juste la tablette avec la liste… Elle est où la liste pour les accrèds ? Comment on fait pour les accrèds ?… Désolée, attendez, la personne va arriver”. Pas de problème, je suis une nana super cool.

Finalement, après avoir fait ajouter mon nom sur une page vierge, je repars avec un bracelet et un autocollant sous le regard inquiet d’une des deux filles qui se demande si c’était bien ça qu’il fallait faire. Je rigole intérieurement. Mais pas longtemps. Trois mètres plus loin, je me retrouve stoppée par un agent de sécurité qui me dit que, sa collègue n’étant pas encore arrivée, il ne peut pas me laisser entrer. En tant qu’homme, il n’a pas le droit de me palper les miches. Bon, j’apprécie son professionnalisme : “Pas de problème, je suis super cool comme nana”. Et on papote pendant que ces messieurs accèdent au site et que moi je me caille les miches, miches restées dignes.

Quinze minutes plus tard, quelques filles viennent s’ajouter à la file d’attente dont j’étais la tête tandis que je propose à l’agent de sécurité de lui signer une décharge l’autorisant à me toucher. Les filles derrière moi se joignent à ma cause, et après délibération interne, feu vert de toute l’équipe et consultation des oracles de Delphes, l’agent nous autorise l’accès. Zen…

Je suis contente d’être là, oui très contente. Juste un petit saut aux vestiaires pour poser mon manteau et mon gros pull. Je ne perds pas de temps, je sais où je vais, je sais ce que je veux, une fois encore je suis la première arrivée devant le vestiaire. Oui, sauf que voilà : “Il faut attendre parce qu’on a les tickets mais pas de scotch pour les accrocher au porte-manteau”.

Mort cérébrale.

Résurrection cérébrale

Je suis une nana super cool !

Dans l’agora de mes personnalités multiples, ça commence légèrement à chauffer. Mais ces jeunes de quartier sont si sympas que je décide, au lieu de perdre mon flegme britannique, de garder mon cool et de visualiser plein de bières qui jouent à saute-mouton. D’autant que ce n’est pas à eux qu’on peut reprocher l’incompétence manifeste de la personne qui gère le staff et coordonne l’intendance. Ce serait la première d’un petit festival issue du travail de maturité d’un jeunôt, ça passerait encore. Mais là, un festival de 30 ans d’âge, je m’étonne. Je m’étonne et surtout j’en ris. Parce que je suis une nana (de moins en moins mais) fondamentalement cool.

Évidemment, quand on entre dans l’engrenage d’être la première partout, on a aussi droit à une bière moitié-mousse, sortie de son fût fraîchement ouvert. Je suis une nana super cool…

VSR 2016, plus de staff que de public

Quelle équipe impressionnante ! Beaucoup d’agents de sécurité, des pompiers, des samaritains, la police municipale, un staff-bar important, caissiers, faiseurs de fondue, faiseurs de hot-dogs, coupeurs de feu, magnétiseurs et autres rebouteux, une tripotée de techniciens, bref beaucoup de bénévoles au service du Vernier sur Rock et ce dans une ambiance fichtrement bonnarde. Tout ça pour une salle occupée je dirais approximativement à 15% de sa capacité. En un mot : personne.

Mais personne !

Et puis l’ambiance qui va avec…

L’un des chanteurs de Black Bomb A prend un bain de foule et en remontant sur scène, il nous avoue qu’il était venu vérifier si quelqu’un avait fait caca sur le parterre. Autrement dit : “Rapprochez-vous bande de tocards !”

Plus tard, le chanteur de Dagoba partage ses souvenirs avec nous : “La dernière fois qu’on est venus jouer, ça fumait dans la salle.” Où veut-il en venir ? “À l’époque, on se disait que c’était pour ça que vous étiez endormis.” Oh… Autrement dit : “Public de merde !”

En général, quand des musiciens se plaignent de l’ambiance d’une salle ma première réaction est plutôt sur la défensive : “Oh ça va, on est là. On n’est pas nombreux, mais on est là. On se sent seuls et on n’a pas envie de masser tout seuls ; si t’es pas content, casse-toi, pour qui tu te prends espèce de guignol ? J’y suis pour quelque chose si la salle est vide ? Et si les gens sont coincés ? Fait chier merde !… Ouais, non, en fait t’as raison.”

Des bons groupes, dans une chouette salle, accueillis par une équipe dévouée, mais pas de public ! Ca nuit un peu à l’ambiance.

D’accord, on est jeudi, le lendemain, il y a boulot. D’accord, c’est à Vernier et pour les non-Genevois c’est un brin compliqué pour s’y rendre. Mais la programmation ne valait-elle pas le déplacement ? Même un jeudredi ? De mon point de vue, SI ! Mais de toute évidence, ils ne sont pas nombreux ceux qui partagent mon point de vue. Fréquentation décevante donc.

Parlons musique tout de même ! Eh bien… Je ne m’en souviens pas. J’étais bourrée.

Mais vous pouvez découvrir Dagoba ici, Black Bomb A là, et Samael grâce à ce lien.

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