London Jazz Festival : Etienne M’Bappe

LJF 2015 | Sur  terre, Dieu se balade avec une basse et la moitié des apôtres

606, un authentique jazz club, dans les souterrains de Lots Road dans l’élégant quartier de Chelsea, coté Tamise. C’est un endroit intimiste mais discret, un endroit peut-être trop exigu pour environ 140 chaises autour de petites tables où il y a juste la place pour deux assiettes, deux verres et une bougie. C’est sans doute le cauchemar pour les techniciens du son, mais le propriétaire, Steve Rubie, s’y connait et un soundcheck est réglé en l’espace de quelques instants. Une trentaine de portraits de musiciens sont accrochés aux murs en briques rouges : voir les visages (et leurs dédicaces) de tous ces astres qui ont franchi la porte d’entrée en fer noir, j’avoue ça fait presque peur.

606, presque le numéro du diable. Ici, un jeudi soir humide, Dieu s’est retrouvé, basse à la main, avec la moitié des apôtres, et ils ont joué toutes les musiques du paradis pendant plus de deux heures. Je parle d’Etienne M’Bappe & The Prophets : un nom difficile, mais plein de promesses (et belles prophéties). Ceci est un des premiers concerts de la nouvelle formation – toute française – autour d’Etienne M’Bappe, le bassiste avec les gants, l’étoile camerounaise de Paris, le père spirituel de plein d’autres étoiles. Le premier album est promis pour mars 2016 (trop hâte !).

Les six jeunes musiciens qui l’accompagnent sont Christophe Cravero (piano, violon), Arnaud de Casanova (trompette), Anthony Jambon (guitare), Clement Janinet (violon), Lucas Saint-Cricq (saxophone), Nicola Vicaro (batterie).  Etienne M’Bappe, qui a joué avec John McLaughlin and Ray Charles, n’arrête pas d’explorer et de s’explorer. Le résultat est inoubliable. Chaque morceau est un pays différent. On commence avec une balade à Montmartre au coucher de soleil et on arrive à Buenos Aires où un pianiste au sombre esprit, cheveux mi-longs et chemise légèrement déboutonnée joue une milonga dans la rue. On retourne de l’autre coté de l’océan et la belle voix feutrée de M’Bappe chante en douala, sa langue maternelle. Il y a aussi du funk et les vents improvisent presque une petite chorégraphie ; du rock, j’entends encore la basse résonner dans mes veines ; ou encore de la musique irlandaise avec « Irish Koffi », où les deux violons se disputent la scène avec des solos improvisést.

Le micro de La Fabrik est tombé dans les mains du musicien avant son concert. M’Bappe nous régale avec l’histoire de sa nouvelle dream-team et des anecdotes sur Ray Charles et Quincy Jones! Des regrets ? Ne pas être cuisinier au 606 jazz club : ah, éplucher des patates pendant les concerts ne serait pas si mauvais que ça !

– Irene Carbone

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